Thème du mois: 35e Conseil de l'ONUSIDA
Lors du 35e Conseil de l'ONUSIDA qui a eu lieu du 9 au 11 décembre dernier à Genève, une série de thèmes importants ont été discutés et des décisions ont été prises, entre autres concernant le calendrier de la stratégie actuelle de l'ONUSIDA, les mesures pour un accès amélioré aux médicaments antirétroviraux (incl. l'utilisation de la flexibilité de l'ADPIC) ou le traitement, la prise en charge et le soutien des enfants positifs au VIH.
Dans son discours d'ouverture, le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a mis en lumière les progrès importants réalisés dans le domaine du VIH/SIDA. Ainsi, dans le monde entier, les nouvelles contaminations par le VIH ont baissé de 38% depuis 2001. Chez les enfants, la baisse a même atteint 58%. Jamais auparavant autant de personnes positives au VIH n'avaient reçu de médicaments antirétroviraux. Et malgré cela, les défis sont énormes, le temps est compté. Michel Sidibé parle d'une «window of opportunity» et relève que les cinq prochaines années seront décisives pour l'évolution de l'épidémie. Il appelle également à agir rapidement.
Le 35e Conseil de l'ONUSIDA a pris notamment des décisions dans les domaines suivants.
A l'avenir, l'ONUSIDA se base également sur l'approche prévention-traitement-lutte contre la discrimination et prolonge la stratégie actuelle jusqu'en 2021
En s'appuyant sur les trois piliers de la prévention, du traitement et de la lutte contre la discrimination, la stratégie actuelle de l'ONUSIDA (2011-2015) est considérée comme globale et progressiste. Au cours de l'année 2014, l'ONUSIDA a publié une série de rapports dont les conclusions doivent se manifester dans le futur travail en faveur du VIH/SIDA. On pense ici surtout au GAP Report (rapport sur les écarts), au rapport sur les villes et au rapport Accélérer la riposte. Les deux premiers rapports donnent une vue d'ensemble des progrès, défis et besoins d'agir concrets à l'échelle mondiale, plus précisément dans les zones urbaines. En outre, le rapport Accélérer souligne le fait que les cinq prochaines années seront décisives pour pouvoir mettre fin à l’épidémie mondiale de VIH/SIDA d’ici à 2030. Là-dessus, le Conseil de l'ONUSIDA a décidé de prolonger la stratégie actuelle jusqu’en 2021 et de continuer à se baser clairement sur les trois piliers de la prévention, du traitement et de la lutte contre la discrimination. La stratégie sera adaptée au cours de l'année 2015 pour intégrer les conclusions des rapports.
Pour un fort positionnement du VIH/SIDA dans l'agenda post-2015
De nouveau, le Conseil de l'ONUSIDA s'est prononcé pour un positionnement renforcé du VIH/SIDA dans l'agenda post-2015 et salue l'objectif 3.3 de l'«Open Working Group of the General Assembly on Sustainable Development Goals» (Groupe de travail ouvert de l'Assemblée générale sur les objectifs de développement durable) qui prévoie de mettre fin à l'épidémie de VIH/SIDA d'ici à 2030. Ce faisant, le Conseil de l'ONUSIDA souligne l'importance de la collaboration multisectorielle – un aspect qui, de l'avis du Conseil de l'ONUSIDA, devrait être davantage présent dans l'agenda post-2015.
Accès aux médicaments antirétroviraux et élimination des obstacles relatifs aux aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC)
Pour le moment, la moitié de toutes les personnes positives au VIH dans le monde entier ayant besoin de médicaments antirétroviraux n'a aucun accès à ces médicaments. Dans ce contexte, la délégation des ONG a présenté un rapport au Conseil de l'ONUSIDA intitulé «Lorsque les «droits» causent du tort» qui examine en particulier l'aspect de la propriété intellectuelle et de la protection des brevets en matière d'ARV. Le Conseil constate qu'il y a encore largement de latitude concernant l'utilisation des flexibilités de l'ADPIC (aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce) mais que l'accès aux ARV est influencé par beaucoup d'autres facteurs allant beaucoup plus loin que la question de la propriété intellectuelle et de la protection des brevets. Le Conseil souligne en outre que les contextes sont très différents et que des mesures concrètes devraient être discutées judicieusement au niveau national. C'est pour cette raison que le Conseil a chargé l'ONUSIDA, et notamment les co-sponsors de l'ONUSIDA, l'OMS et le PNUD qui travaillent sur le sujet, d'intensifier le soutien technique au niveau national. En outre, l'ONUSIDA présentera un rapport de synthèse au Conseil en 2015 qui doit montrer de manière encore plus systématique les obstacles qui existent pour accéder aux ARV, en incluant les obstacles posés par la propriété intellectuelle et la protection des brevets.
Intensification du travail de traitement, de prise en charge et de soutien des enfants atteints par le VIH
Une analyse réalisée sur ce sujet par l'ONUSIDA montre clairement que le besoin d'agir est important. Dans le monde entier, on estime que 3,2 millions d'enfants sont infectés par le VIH. L'accès aux tests de VIH, aux médicaments mais également aux prestations de prise en charge et de soutien - qui vont bien au-delà des prestations médicales- est limité. Des études montrent qu'en 2013, 38% des adultes positifs au VIH ont reçu des médicaments antirétroviraux. Par contre, ce chiffre s'élève à seulement 24% chez les enfants âgés de 0 à 14 ans. Le Conseil appelle les États membres à agir immédiatement et insiste, entre autres, sur la nécessité d'améliorer les prestations sanitaires autour de la naissance. De plus, le Conseil a chargé l'ONUSIDA de mettre en place une plate-forme de coordination dans le domaine de la prise en charge et du soutien des enfants positifs au VIH.
En 2015, la Suisse assume la vice présidence du Conseil de l'ONUSIDA
Le Conseil de l'ONUSIDA a choisi la Suisse en tant que vice présidente (vice-Chair) du Conseil de l'ONUSIDA en 2015. Dans cette fonction, la Suisse va soutenir le Zimbabwe - qui détient la présidence- lors des préparations et la réalisation des Conseils de l'ONUSIDA. Ainsi, la Suisse est automatiquement candidate à la présidence du Conseil de l'ONUSIDA en 2016.
Vous trouverez toutes les décisions ainsi que les documents de fond relatif au 35e Conseil de l'ONUSIDA sur la page web de l'ONUSIDA: UNAIDS Programme Coordinating Board
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ONUSIDA, le programme commun des Nations-Unies sur le VIH/SIDA, a été créé en 1996 pour répondre de manière coordonnée et multisectorielle à la grandissante épidémie mondiale du SIDA. La mise en œuvre de la stratégie de l'ONUSIDA s'effectue par onze agences des NU, appelées co-sponsors (UNICEF, PNUD, UNHCR, UNFPA, ONU Femmes, BM, PAM, OMS, UNESCO, OIT, UNODC). Le Conseil de coordination du programme (CCP/ Programme and Coordinating Board PCB) est la structure de gouvernance de l'ONUSIDA et prend les décisions stratégiques. Le CCP se réunit deux fois par ans pendant trois jours à Genève (la plupart du temps en juin/juillet et en décembre). En temps normal, les deux premiers jours du CCP sont sous le signe de discussions stratégiques et de décisions, le troisième jour est consacré à des discussions thématiques plus approfondies appelées «thematic segment». Le CCP est composé de 22 États, resp. de groupes d'États de toutes les régions du monde, de cinq représentations d'ONG, représentation incluse de personnes touchées par le VIH (un siège par continent), ainsi que de onze co-sponsors de l'ONUSIDA. Conformément à la décision de l'ECOSOC, les États sont répartis en groupes d'État et endossent la vice-présidence du groupe à tour de rôle. La Suisse, représentée par la DDC, assume en ce moment la vice-présidence du groupe d'États Suède - Autriche-Islande-Suisse et soutient l'ONUSIDA avec un montant annuel de 10 mio. de CHF. |
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Auteur :
Susanne Amsler
Conseillère en santé
Département fédéral des affaires étrangères DFAE
Agence suisse pour le développement et la coopération (SDC)
Coopération régionale, division de l'Afrique de l'Est et du Sud