1 decembre 2017

01/12/2017

Journée mondiale du sida 2017

Chères lectrices et chers lecteurs d'aidsfocus

«Mon activité principale, c'est d'avoir le SIDA!» – Les personnes qui sont traitées de manière adéquate contre l'affection n'ont actuellement plus besoin de dire cela. Cette phrase est issue du film français primé «120 battements par minute» qui sort en salle dans les cinémas de langue allemande exactement aujourd'hui pour la Journée mondiale du sida 2017. Le drame montre comment au début des années 90 à Paris des homosexuels et des lesbiennes du groupe anti-sida «ACT UP» attaquèrent les groupes pharmaceutiques qui retardaient la recherche de médicaments contre le sida. Les activistes étaient séropositifs et tiraient la sonnette d'alarme car le temps leur était compté. «ACT UP» mobilisa contre le silence de la société, pour la prévention et contre les stigmates de l'affection considérée comme une «épidémie de gays».

Aujourd'hui, 25 ans plus tard, guérir de la maladie n'est toujours pas en vue et les stigmates sont également restés. Sinon, beaucoup de choses ont changé. Grâce aux médicaments, les personnes concernées peuvent mener une vie largement «normale». Les actuels résultats thérapeutiques de plusieurs études le montrent également et sont célébrés comme étant les avancées les plus convaincantes de ces dernières années: les personnes, dont le virus du VIH n'est plus décelable dans le sang du fait de leur traitement avec des médicaments antirétroviraux, ne sont également plus contagieuses sur le plan sexuel. Cela n'est pas foncièrement nouveau mais les études ont pu montrer pour la première fois qu'il n'y avait eu aussi aucune transmission sexuelle parmi les dits groupes à risque: dans aucun cas une contamination n'a eu lieu! («U=U» Undetectable=Untransmissable) C'est un signal fort pour le grand public dans la lutte contre la stigmatisation et c'est une libération psychique pour tous ceux qui se considéraient être jusqu'à maintenant un risque potentiel.

Toutefois le défi est toujours là! Ce message de succès n'est valable que pour les personnes en traitement – qui sont actuellement tout juste 21 millions. Il ne s'applique pas au près de 16 millions de personnes infectées non traitées, ni aux deux millions de nouveaux cas qui s'y ajoutent chaque année. Nous connaissons les chiffres: l'ONUSIDA s'est donnée comme objectif, d'ici à 2020, que près de 90% des personnes séropositives ou 32 millions de personnes soient en traitement. De gros efforts supplémentaires sont donc nécessaires et notamment ceux qui sont fréquemment invisibles doivent être atteints: les dits groupes à risque qui ne sont pas assez pris en considération dans les programmes, comme p.ex. les jeunes femmes et les filles de nombreux pays africains, les travailleurs et les travailleuses du sexe, les consommateurs de drogues et les homosexuels.

Robin Campillo, le réalisateur du film «120 battements par minute», le formule parfaitement: «J'ai l'impression que, jusqu'à aujourd’hui, nos gouvernements – malgré tous les progrès en matière de traitement du sida – ne font pas assez pour trouver les cas de nouvelles infections et les protéger. Il ne faut pas arrêter les campagnes et il faut accélérer l'information sur la maladie, non pas du point de vue moral, mais pragmatique » (ARD: en faveur de la lutte contre le sida).

Cela vaut aussi pour la Journée mondiale du sida 2017 d'aujourd'hui, près de 35 ans après la déclaration de l'épidémie: le VIH/sida n'est pas un problème de minorité mais il nous concerne tous. Prenons au sérieux le droit à la santé pour TOUS! ACT UP NOW!

Mira Gardi, notre stagiaire MMS et cheffe de projet, a analysé avec ONUSIDA Inde dans le cadre de son mémoire de master (Master of Science in Global Health) la situation des jeunes travailleurs et travailleuses du sexe en Inde. Lisez dans notre sujet du mois ses résultats intéressants.

Martina Staenke
Colaboratrice Communication Medicus Mundi Suisse
mstaenke@medicusmundi.ch